Rencontre avec un artiste à multiples casquettes, Serge Gisquière alias Peter dans « Les Vacances de l’amour » et « Les Mystères de l’amour ».

Si vous deviez vous décrire, comment vous décririez-vous ?
Si je devais me décrire, je me décrirais comme dissipé. Non. Ma vie s’est passée à essayer des tas de choses extrêmement différentes. Donc ce n’est ni relâche, ni dissipé. J’ai été mannequin, pilote de moto, peintre, journaliste, réalisateur, et comédien. Bref, à chaque fois qu’il y a un truc et qu’il y a un train qui passe je monte dedans car je me dis qu’après, ça vaut peut-être le coup, dans la vie, de multiplier les expériences. Et puis voilà. Donc, c’est plein de surprises, pas toujours bonnes mais il y en a quand même essentiellement des bonnes.
Quand je fais quelque chose, je veux bien le faire à fond mais dans la foulée, je peux très bien changer d’un domaine à un autre qui est complètement opposé. Je suis guidé plus par le sentiment et par l’envie que par la raison. Et voilà, c’est un petit peu ça l’histoire.
Nous vous connaissons pour votre rôle de Peter dans “Les Vacances de l’amour” et “ Les Mystères de l’amour”. Mais moins comme écrivain. Pourtant, vous avez sorti votre premier roman « Memortem » qui est un thriller psychologique envoûtant et captivant, pouvez-vous nous en parler ?
Oui, on ne me connait pas comme auteur car c’est tout récent. C’est quelque chose que j’ai sorti l’an dernier. Mais pour autant, c’est quelque chose qui m’inspire depuis un certain temps déjà.
En fait, le goût d’écriture m’est venu un petit peu quand j’étais journaliste, ça peut paraître paradoxal parce que c’était dans le milieu de la moto. Donc ça n’a pas grand chose à voir avec un thriller psychologique. Mais ça m’a donné le goût d’écrire pas forcément, d’ailleurs, sur des motos. Surtout, ça pouvait être des gens, des personnages, des histoires alors que j’étais un peu nul en français au lycée. Mais bon. J’ai lu tout d’un coup.
J’ai découvert ce qu’on pouvait faire avec les mots. Ça m’a paru intéressant. Ensuite, je suis devenu comédien et quand on est comédien, on est confronté à ça, on travaille avec les mots sur une pièce de théâtre, un scénario et la conjonction des deux.
A un certain moment, je me suis dit : « Tiens, pourquoi pas raconter ,moi aussi, mes histoires en tant que comédien ? » Donc c’est parti de là. J’ai beaucoup aimé écrire des pièces, des scénarios, ce genre de choses-là et le roman est venu à quelque chose d’intimidant car on se dit :« Est-ce que je serais capable d’écrire un roman ? ». Car, un roman, ce n’est pas comme un film. Le film, il y a la musique, il y a les comédiens, il y a le montage. Il y a des tas de choses qui font que l’écriture est interprétée, sublimée.
Quand on a un roman entre les mains, on le lit, si ce n’est pas bon, on le lâche, il n’y a pas de musique pour rattraper ou quoi que ce soit. Donc, c’est un petit peu intimidant au début. Mais bon, je me suis lancé sur la recommandation de quelqu’un. Et puis, j’ai trouvé ça aussi passionnant.
Contrairement à quand on écrit un scénario, en fait on n’écrit pas « Voilà ce qu’il se passe et ce que les gens disent ». Quand on écrit un roman, on peut rester, si on veut, 15 pages dans la tête de quelqu’un, ce qui n’est pas possible dans un scénario. Et ça, au début, c’est un petit peu vertigineux, on se dit : « Tiens, qu’est-ce que je vais faire de cette possibilité-là ? » et puis finalement, on se rend compte que c’est super intéressant.
Comme ce que je disais pour la première réponse, je suis un petit peu un touche à tout. Et quand il y a une chance qui se pointe, j’y vais. Et là, j’ai trouvé que c’était un petit peu aussi quelque chose que je pouvais explorer et que je ne connaissais pas encore. Et donc, voilà, j’ai bien écrit le roman. Et puis maintenant, le deuxième est en écriture.

N’avez-vous pas écrit aussi « Rencontre avec une génération d’icônes » ?
Si, si, si, ça venait de cette envie d’écrire. Et puis surtout du fait que, ce sont des gens avec qui j’ai passé quand même une bonne partie de ma vie. Puisque j’ai commencé dans la série en 98, dans « Les Vacances de l’amour ». Et puis, on se côtoie depuis des années, on est très proches pour certains, un peu moins pour d’autres. Enfin, bon, voilà, quoi, c’est comme dans tout, il y a des affinités. Et je me suis rendu compte à un certain moment que, au moment où je tournais moins, en fait que tous ces gens que je connaissais depuis une quinzaine d’années, je ne les connaissais finalement qu’au présent, pas au passé.
Je ne savais pas quels avaient été leur enfance, leur parcours. Et ils sont très étonnants, parce que, pour la plupart, ils n’ont pas fait d’école d’art dramatique, ils n’étaient pas destinés à le devenir, pour certains, voilà, ils étaient décorateurs, pour d’autres, ils étaient toute autre chose.
J’ai été curieux, en fait, de savoir ce qu’ils avaient été avant. C’était plus de curiosité, en fait. Mais bon, je leur ai dit, tiens, ce serait drôle, peut-être, d’écrire quelque chose là-dessus.
Et puis, tous ont dit d’accord, parce qu’on se connaît très bien, parce qu’ils pouvaient faire confiance aussi. Ils savaient très bien que s’ils racontaient leur intimité, ça ne serait certainement pas détourné, ni exploité à mauvais escient. Je veux dire, bon, il y a des tas de choses qu’ils m’ont dit en off, ils m’ont dit, bon, ça, peut-être pas qu’il faut le dire.
Mais bon, on a bien rigolé, on s’est raconté, et c’était à l’aide, à la découverte des gens que je côtoyais. Et puis, il y a des choses que je n’ai pas écrites, parce que c’était juste pour le plaisir de se les raconter, sans nécessairement que tout le monde soit au courant. Mais en tout cas, voilà, ils se sont livrés, pour la plupart, avec beaucoup de bienveillance et de générosité.
Et donc, voilà, c’était un exercice plutôt rigolo, très sympathique. On a tous appris à se connaître un peu mieux, et donc, ça nous a même rapprochés encore, plus qu’on pouvait l’être à travers le boulot, simplement.
Comment s’est passé votre arrivée dans « Ici, tout commence » ?
Oula, ça, c’est tout récent. Non, il se fait simplement que maintenant, je vis dans le sud de la France, et que, donc, je ne suis plus parisien depuis un certain temps, maintenant depuis 16 ans. Et il y a de plus en plus de tournages qui se font ici. J’ai un agent qui est à Marseille, et puis, parmi toutes les séries qui se tournent, il y a : « Ici, tout commence », et des tas d’autres. Et donc, voilà, tout simplement, à un certain moment, ils m’ont sollicité pour un tout petit rôle pour l’instant, parce que je ne sais même pas si ce rôle reviendra. Mais bon, avec mon agent et avec ma productrice, on s’est dit que c’est typiquement le genre de rôle qui pourrait peut-être revenir plus fréquemment. Pour le coup, on s’est dit : « OK, c’était deux jours de tournage, j’y suis allé, puis… » Mais bon, c’est rigolo, parce que je n’ai pas rencontré non plus tous ceux qui tournent sur cette série, parce qu’ils sont extrêmement nombreux. Mais bon, il y a des gens que je connais sur cette série, Stéphane Blancafort, j’avais eu aussi Vanessa Demouy, avec qui j’avais bien joué il y a très longtemps. Et d’autres personnes, en fait, avec qui j’avais travaillé. Je sais qu’Alexandra Vandernoot par exemple, elle a fait la lecture d’une pièce de théâtre que j’avais écrite à Paris. Donc, c’était il y a bien longtemps. Frédéric Diefenthal, c’est quelqu’un que je connais très bien, même si ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. On était vraiment très, très, très, très proches. Et donc voilà, tous ces gens sont sur cette série et s’ils devaient me rappeler pour que le rôle s’étoffe un petit peu et revienne, moi je serais ravi.
Et que retenez-vous de votre participation dans « Sous le soleil » ?
C’était chouette. C’était une série extrêmement connue. J’ai juste d’excellents souvenirs avec Kathleen, avec qui j’ai beaucoup joué, avec Bénédicte aussi. Il y en a d’autres que j’ai moins vus.
Tonya Kinzinger, par exemple, on s’est moins croisés. Mais Franck Sarfati aussi, qui était extrêmement drôle. Donc, non, non, ça a été vraiment une chouette expérience.
Alors, ce qui était drôle, c’est qu’au-delà du fait, c’est que le rôle du commissaire que je jouais, comme c’était quelqu’un qui devait s’opposer à Adeline Blondieau, qui était avocate et qui, de toute façon, défendait la veuve et l’orphelin, il fallait toujours qu’elle ait raison sur les gens que, moi, je foutais en taule. Donc, je pense que j’étais le commissaire le plus nul de France. Parce que dès qu’il y avait un innocent qui passait, je le mettais en taule. Et puis, son rôle, c’était de l’en faire sortir.
Mais bon, c’était vraiment chouette. Alors, après, la série est revenue en 2014, je crois.
En 2013-2014. Ils m’ont rappelé au début pour reprendre mon rôle. Et puis, finalement, ça ne s’est pas fait. Et puis, finalement, ils m’ont rappelé quand même pour un rôle qui était complètement différent. Genre, à 15 secondes du tournage, je me suis dit : « Mais comment vous allez faire ? ». Je me suis dit : « Bon, j’étais déjà dans la série alors, peut-être que les gens se souviennent que j’étais le commissaire. Donc, vous faites jouer quelqu’un de complètement différent. » Ils m’ont fait « Non, t’inquiète. On va raccrocher les wagons en fin de première saison » Et à la fin de première saison, on se rend compte que cette personne, effectivement, que je jouais dans la deuxième version de « Sous le Soleil », en fait, était le commissaire de la première, mais qui s’était un petit peu, on va dire, paumé à l’autre bout du monde dans des trucs qui n’étaient pas très clairs. Et puis, en fait, la reprise n’a pas duré. Ils ont fait deux saisons. Et puis, je meurs au début de la deuxième.
Et puis, finalement, ça n’a pas trop accroché. Je pense qu’ils ont été un petit peu trop loin de ce qu’était la série avant. Ils ont voulu faire quelque chose de beaucoup plus policier.
Bon, ça a moins marché. Mais bon, c’était une très très chouette expérience.
Préférez-vous tourner pour des séries ou pour le cinéma ?
Pour le cinéma, j’ai très peu tourné. Je suis devenu comédien à une époque où, quand on faisait la télévision, le cinéma vous regardait un petit peu de travers en disant « mais non, pas lui ».
D’ailleurs, si on regarde bien tous les acteurs, tous les comédiens de la série, les vacances de l’amour, etc., très très très très peu, quasiment aucun n’a jamais fait de cinéma. Parce qu’à l’époque, c’était très divisé. Il y a les gens qui faisaient le théâtre, il y a les gens qui faisaient la télé, il y a les gens qui faisaient le cinéma, et ça ne se mélangeait pas.
Alors après, il y a des gens qui faisaient du cinéma et qui sont venus à la télé. Genre Gérard Depardieu dans “Les Misérables” etc car ils se sont rendus compte, en fait, que la télé, ça nourrissait aussi et qu’il y avait finalement de très bonnes choses qui se faisaient en télé aussi.
Mais ces sont plus les gens du cinéma qui se sont mis à la télé plutôt que les gens de la télé qui vont au cinéma. Les gens de la télé qui vont au cinéma, les exemples sont assez rares. C’est très rare en France.
Aux Etats-Unis, si, dès qu’on a un succès populaire, dès qu’on est connu dans une série, on vous propose de faire du cinéma.
En France, c’est l’inverse, on vous regarde de travers, on vous dit « Non, il ne va pas être assez bon. » « On le connaît trop sur ce rôle-là, etc. » Du cinéma, non, j’en ai fait très peu. Cela dit, maintenant, j’aime bien aussi le rythme des séries. Le cinéma, c’est un exercice qui est très long. Quand on tourne dans une série, on en tourne entre 10 et 25 par jour. Donc au cinéma, à un certain moment, on peut un petit peu s’ennuyer parce que le rythme est trop lent, peut-être. J’aime beaucoup le rythme de la télé.
Nous avons aussi pu vous voir dans un épisode de “Joséphine ange gardien”. Comment s’est déroulé le tournage et aviez-vous déjà eu l’occasion de tourner avec Mimie Mathy auparavant ?
Non, je n’avais jamais eu l’occasion de tourner avec elle. Le tournage s’est extrêmement bien passé. Mimie est vraiment quelqu’un d’adorable. On a beaucoup ri sur ce tournage et Alex aussi était vraiment quelqu’un de très proche, très désireux de faire quelque chose de bien. Et donc, avec elle, ça a été drôle. C’était des fous rires. Mimie était à côté de moi, j’étais assis et il devait y avoir une chaise près de moi afin que Mimie vienne s’asseoir, en plein tournage, on se rend compte que la chaise n’est pas là. C’était super rigolo parce que ça tournait et j’ai regardé et puis j’ai fait comme si j’invitais Mimie à venir s’asseoir. Mimie m’a regardé du coin de l’œil puis, elle a couru, elle a bondi, elle a sauté sur mes genoux et on a tous rigolé comme des fous. Donc voilà, on a coupé et après, on a refait la scène et cette fois-ci, Mimie avait sa chaise. C’était vraiment très très chouette. Je trouve que le téléfilm était vraiment très réussi en plus.
Vous avez aussi joué dans Navarro. Comment était Roger Hanin ?
J’ai eu un tout petit rôle. Roger Hanin, c’était une montagne, c’était quelqu’un de très posé, de très fidèle à ce qu’il était dans les films de cette époque-là.
Un pied noir, très paternel, très rassurant. Il savait ce qu’il voulait comme il savait ce qu’il ne voulait pas. J’ai l’impression que c’était lui qui réalisait la moitié de l’épisode, d’ailleurs mais quelqu’un de très chaleureux, de très accueillant comme tous les gens qui viennent d’Algérie et qui ont vécu là-bas. Quelqu’un de fraternel, vraiment d’accueillant, de rassurant. Voilà, c’était quelqu’un mais je l’ai très peu côtoyé.
Quel est votre meilleur souvenir de tournage ?
Le prochain peut-être. (Rires) Non, il y a eu des choses qui ont été folles quand j’y pense. Enfin si, il y a quelque chose qui avait été vraiment très très chouette à tourner et ça s’appelait : « Les Liens du Sang ». C’était plusieurs téléfilms avec Pierre Arditi. Lui était avocat, moi j’étais flic à nouveau. On avait beaucoup de scènes ensemble.
On était toujours dans les rôles, c’était deux rôles qui étaient en confrontation. Je me souviens qu’Arditi est quelqu’un d’extrêmement exigeant, mais vraiment. Si quelqu’un ne sait pas son texte, ou ne joue pas bien, etc . Il peut être… il peut vraiment être très très très dur. La première scène qu’on a ensemble, ça se passe bien. La deuxième scène, je me souviens, c’était dans une voiture.
Il enchaîne le texte, il prend des temps qui sont parfois très longs, le réalisateur sait qu’il y a quelque chose à l’image. Là on était côte à côte donc je ne pouvais pas le voir, j’ai cru à un certain moment qu’il avait oublié son texte. Donc j’ai fait une bêtise. Je n’ai pas interrompu la séquence, mais je l’ai regardé l’air de dire « Est-ce que vous avez un trou de mémoire ? » et au bout d’un coup, il a fait « Non, c’était juste un temps”.
Au terme du tournage, on avait fait une soirée à Paris, je me souviens ! Il était venu, alors qu’il ne vient pas souvent à ce genre de choses-là. Et je pense qu’il a passé un bon moment sur ce tournage.
En tout cas, j’en ai passé un excellent avec lui. C’est quelqu’un qui est à la fois très impressionnant, très exigeant, mais qui peut être aussi très amical.
Alors, Belgique ou France ?
Bah, je reste belge dans l’âme. J’ai ça, j’ai ce côté effectivement très belge qui veut que la Belgique, c’est tellement d’influences dans un si petit pays. C’est un pays qui se fait passer dessus par toutes les populations d’Europe, Espagne, Hollande, en général. Il y a quelqu’un qui a dit un jour, : « un belge, c’est un français qui ne se prend pas trop au sérieux ». Je pense que c’est un petit peu ça. On n’a pas vraiment grand-chose pour se sentir fier, mais finalement, c’est ce qui fait la richesse de la Belgique, c’est que c’est un pays qui touche à tout aussi. Donc, je suis très belge, je reste très très belge, je suis profondément belge, mais la France est un pays dans lequel je vis avec un bonheur immense depuis tant d’années que voilà, quoi.
Pour conclure, avez-vous des projets sur le feu ?
Ben oui, un prochain roman qui doit sortir l’année prochaine. J’écris aussi des pièces de quelque chose d’un film pour la télévision qu’une production m’a demandé de développer. Il est question aussi d’adapter mon livre « Memortem » à l’écran, cela met toujours beaucoup de temps et puis, pour le reste, ça fait déjà pas mal de choses. Et en termes de comédie, en revanche, là, pour l’instant, non, c’est relativement calme, mais peut-être que ça va arriver.
Mais là, je suis bien, je suis en train d’écrire, tout va bien.
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : Sébastien Manigaud