Etoile montante de la scène française, humoriste touche-à-tout et décalé, William Pilet a accepté de nous accorder un peu de temps afin de nous parler de son nouveau spectacle qui est un moment d’humour entre absurde et comique

Pour commencer, qui est William Pilet dans la vie de tous les jours ?
Ah, dans la vie de tous les jours, quelqu’un de fait calme et posé. C’est l’inverse de ce qu’il y a sur scène.
Justement, le personnage sur scène, qui est-il exactement ?
Eh bien, écoutez, c’est un peu comme Mr Hyde.
Vous êtes en tournée avec votre nouveau spectacle « Normal n’existe pas ». Que pouvez-vous nous en dire ?
C’est un spectacle avec plein d’effets, très accessoirisé, en partie musical, et ça va à un rythme effréné. L’idée, c’est de surprendre encore et encore, rupture après rupture jusqu’à un dénouement qui explique que « normal » n’existe pas.
C’est quoi le moteur au départ, qui vous donne l’envie de bousculer les gens ?
Je pense que c’est parce que je voulais me bousculer, moi, en premier. Parce qu’on m’avait dit « normal », je dirais, de faire quelque chose que je ne me sentais pas capable de faire, donc de monter sur scène. Je me suis dit « autant le faire en faisant quelque chose qui ne se fait pas » car sur un plateau, sur une scène, on a la licence, on a le droit de faire ce qui ne se fait pas.
Donc, que je me le permette, en regardant les propositions que je fais, en amenant des accessoires, en éparpillant un peu notre casque par moments. Le moteur, c’est vraiment parce que j’ai envie de faire de la scène et proposer quelque chose que, moi, je ne trouve pas, dans l’offre d’un spectacle à une scène.

Comment définiriez-vous la relation avec votre public ?
Bonne, je dirais. C’est-à-dire qu’avec ce que je propose, soit les gens sont un peu dans le rejet ou ne montent pas à bord, on va dire, du délire, soit, en fait, je rencontre des gens qui sortent de là et souvent, ce que je reçois comme retour, c’est q’ils me disent « mais ça, c’est mon type d’humour, ça, c’est ce qui me fait rire ». Donc, il y a un côté un peu niche, quand même, je dirais.
Il y a vraiment ce côté-là où les gens, en fait, ont l’impression de, pas tellement de me trouver, mais de me retrouver. Je retrouve des gens qui reviennent voir plusieurs fois le même spectacle.
Alors, qu’est-ce que le “traumamarketing” ?
Le “traumamarketing”, c’est, disons, que l’idée avec ce spectacle-là, c’est d’essayer de marquer les gens. Donc, du coup, j’essaie, avec le personnage, ses yeux en boule de ping-pong, le costume, les cheveux longs, de devenir un personnage un peu comme on reconnaîtrait un personnage de dessin animé, toujours habillé de la même manière, devenir un personnage un peu à part entière, dont on se souvient pour ses traits. Du coup, le meilleur moyen de marquer les gens, c’est par le trauma.
Que diriez-vous de votre participation dans l’émission « La France a un incroyable talent » ?
C’était une superbe expérience. Je ne pensais pas que la télé attiserait autant les curiosités autour de mon spectacle. Suite à ça, il y a eu beaucoup de gens qui, en s’intéressant au court passage que j’ai fait là-bas, ont cherché un peu à voir ce que je faisais, ils sont tombés sur ma vidéo de Montreux, où il y a un sketch dans son ensemble, et ça a fait une curiosité de venir voir l’ensemble du programme, du format.
Et vraiment, si c’était à refaire, je le referais.
Vous avez été récompensé dans de multiples festivals de l’humour, dont notamment celui de Rochefort. Connaissiez-vous le Festival International du Rire avant ? Et quelle fut votre réaction à l’annonce de votre prix ?
Je le connaissais parce qu’au fur et à mesure de faire des festivals, j’ai appris à connaître le festival de Rochefort. Vraiment, en allant au festival et en allant chercher les prix, sur le moment, je n’en revenais pas car, comment dire, c’est forcément toujours agréable. Mais je l’ai accepté sur un plateau un peu gêné par rapport à mes autres camarades car la cruauté des festivals, c’est qu’il y a des gens privés d’autre part. Je sais très bien que c’est un marqueur temporaire et temporel, on va dire, d’une soirée qui s’est bien déroulée mais que le lendemain, il faut se mettre au travail.
Mais en vérité, après le Covid, j’avais dit à ma compagne, ne t’inquiète pas, une fois que les spectacles auront repris, je mettrai le bouchon double pour essayer d’avancer dans ma carrière. Et le souvenir principal que j’ai à Rochefort, au-delà du prix, c’est le moment où je suis allé m’isoler aux toilettes et que j’ai appelé ma femme, je lui ai dit, je t’avais dit que ça valait le coup d’attendre et que ça marcherait. Donc, j’étais plutôt ému. J’étais très ému.
Quand venez-vous jouer en Belgique ?
Je viens jouer au théâtre “Fou Rire” le 8 novembre.
Ce n’est pas pour vous brosser, mais j’adore venir en Belgique, à chaque fois, vous avez l’un des meilleurs publics que je connaisse et j’ai hâte de le retrouver.
J’ai entendu que vous aviez des projets pour des séries ou des dessins animés. Est-ce juste ? Pouvez-vous nous en toucher un mot ?
Eh bien, vous êtes très bien renseignée.
En effet, alors, ce sont des choses que je jette à plusieurs années car l’objectif actuel, c’est bien sûr de tourner le spectacle et de le rendre meilleur. Mais en effet, oui, j’ai une idée de dessin animé basé sur la réincarnation des animaux de compagnie. Toute l’histoire est encore un peu nébuleuse dans ma tête. C’est quelque chose que j’aimerais bien réaliser.
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : copyright Kobayashi