Rencontre avec la charmante comédienne française, Marina Pastor. Nous pouvons notamment la voir dans la série « Bref » saison 2.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, qui est Marina Pastor?
Je suis une comédienne de 60 ans, j’ai joué au théâtre de la Commune, à la Cartoucherie de Vincennes, au Festival d’Avignon entre autres. J’ai ensuite produit mes propres spectacles avec ma compagnie, et c’est ce que je continue à faire. À côté, je tourne aussi pour la télévision et le cinéma.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir comédienne ?
J’ai attrapé le virus des textes de la scène très très vite. J’avais 17 ans, je vivais dans le sud de la France, j’ai pris ma valise et je suis venue à Paris.
Quel est le rôle qui vous a le plus marqué ?
Il y a très longtemps et c’était le rôle d’une jeune femme très naïve qui ne savait pas pour qui elle votait. Elle ne savait pas qui elle était vraiment. Elle allait se retrouver après à dénoncer son fiancé sous le régime nazi. Cela m’a énormément marquée.
Il y a aussi un personnage que j’ai joué dans un spectacle « Le jour et la nuit » j’y jouais une postière qui arrive de sa province pour vivre à Paris et qui est déracinée et en profonde dépression. Elle rigole tout le temps. Cela m’a beaucoup marquée de travailler un personnage qui est en dépression et qui rigole tout le temps. Maintenant, je crois que je me méfie beaucoup quand je croise des gens très solaires car je me dis que ce rire, cette joie, cette immense gaieté cachent peut-être quelque chose. Ce que l’on donne à voir n’est pas toujours la vérité d’un être. Et c’est une subtilité de jeu qui me paraît essentielle pour aborder un personnage. Ce qu’il donne à voir, qui elle est véritablement.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans « Bref » ?
Il y a 13 ans, quand Kyan Khojandy m’a contactée car il avait vu des séries sur le net où je jouais un personnage plein de contradictions. J’ai passé un casting, il m’a choisi pour jouer sa mère en me disant que je n’avais pas exactement l’âge ni le physique qu’il imaginait, mais que quelque chose s’était passé pendant le casting. Pour ma part, j’ai tout de suite aimé son univers.
On a tourné un pilote et Canal + l’a acheté. Ensuite, on a tourné la première saison mais on ignorait que cela allait avoir un succès si fulgurant ! C’était tout à fait différent pour la saison 2. C’est vrai que j’étais un petit peu jeune pour jouer la maman d’un trentenaire mais c’était l’aventure et l’écriture et tous les choix que faisaient Navo et Kyan sur l’écriture et la réalisation de Bref, qui m’ont complètement séduite.
Ensuite, il y a eu le succès que vous connaissez. Et là, aujourd’hui, la consécration de la saison 2. Les retombées sont incroyables, et ce n’est pas fini parce que je pense que cette série a changé la manière de concevoir et regarder une série et qu’elle soulève des questions intéressantes sur la capacité à se remettre en question et à écouter les autres. Pour l’instant, ce n’est pas encore passé sur une chaîne hertzienne, mais je suis certaine que le grand public va adorer cette série.
Pour moi, jouer la mère de Kyan, c’est une grande joie ! Dans la saison 2, en plus, je trouve que pour une actrice de plus de 50 ans, me retrouver à manier une kalachnikov et à courir derrière des gros crabes, ce n’est pas mal ! Ce qui est très drôle, c’est que Kyan qui ne m’avait pas vu depuis un petit moment, m’a passé un petit coup de fil pour me demander si j’étais en forme et si je pouvais courir. J’ai rapidement compris pourquoi sur le tournage !
Que pourriez-vous dire du film Paul et Julie ?
Paul et Julie est un très beau film. D’ailleurs, le film a beaucoup de récompenses dans les festivals. C’est Madeleine Taittinger, une jeune réalisatrice, qui a écrit ce film. Je l’ai tourné il y a exactement un an et c’est un joli film romantique et sentimental sur deux personnes qui se rencontrent très jeunes et se retrouvent 40 ans plus tard. Je pense que Madeleine va faire d’autres films et qu’elle est assez douée aussi pour l’image.
Quelle place occupe le théâtre dans votre vie ?
Une place essentielle dans mon parcours d’actrice. J’ai eu la chance de jouer plusieurs fois au festival d’Avignon, dans le In et le Off et d’être engagée sur des spectacles qui racontent quelque chose du monde dans lequel nous vivons et qui donnent à entendre des textes importants . C’est ce que j’essaie de faire avec une création sur laquelle je travaille en ce moment : j’y adapte un roman et je joue.
Allez-vous venir jouer cette pièce en Belgique ?
Ecoutez, ça serait une grande joie. J’aime beaucoup la Belgique. Il y a quelques années, on avait fait une création à Namur. Je connais Myriam Saduis, je ne sais pas si vous la connaissez. C’est une metteuse en scène belge. Je suis venue voir son spectacle. Elle a fait un très beau spectacle sur Hannah Arendt. J’aime beaucoup l’ambiance et la vibration à Bruxelles. J’aime aussi beaucoup Namur et j’y ai de bons souvenirs. Le théâtre de Namur est un lieu fantastique ! Vraiment, j’aimerais bien rejouer là-bas.
Pour terminer, quels sont vos autres projets ?
En ce moment, je travaille donc sur le spectacle Combats et métamorphoses d’une femme, une adaptation du livre de l’écrivain Edouard Louis. Nous avons déjà fait une première résidence au Studio théâtre de Stains dans le 93 et nous voulons reprendre ce spectacle qui est pour moi un petit bijou dans lequel je prends un vrai plaisir à jouer. Je suis porteuse de ce projet avec ma compagnie Les Méduses Roses.
C’est un travail énorme d’essayer de faire vivre une création. J’y travaille avec mon fils Louis Pastor et mes coproducteurs. Je vais aussi tourner dans 15 jours avec un réalisateur que j’aime beaucoup, Guy Mazarguil (L’art de séduire, 2011) sur un projet de série qui s’appellera « Sur un malentendu » avec des personnages aux travers multiples et des situations assez extrêmes. J’apprécie cet auteur, il a un univers étrange et très humain finalement qui me fait parfois penser à l’univers de cinéaste anglais comme Mike Leigh.
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : Liza Miri