Elle a été durant 4 ans le joker du 20H de France2, rencontre avec Karine Baste qui présente désormais « C pas si loin » sur France 5.

Si vous deviez vous présenter en quelques lignes, que diriez-vous ?
Je suis journaliste depuis une bonne vingtaine d’années, finalement, quand je regarde dans le rétroviseur. J’ai toujours travaillé à France Télévisions, en Martinique, en Guadeloupe et à Paris.
J’ai fait plusieurs chaînes du groupe, Martinique La 1ère, France Info, France 3, France 2 et France 5. Je dirais journaliste multicarte, multifonction, parce que j’ai été aussi journaliste reporter d’images, caméra à l’épaule. J’ai été monteuse, rédactrice et présentatrice.
N’avez-vous pas été la première femme de couleur à avoir présenté le JT en France ?
A avoir présenté le JT de 20h, en effet, tout à fait. Pas avoir présenté le JT tout court, parce qu’il y a d’autres femmes noires qui présentent des JT. Mais, effectivement, il y avait déjà eu un homme noir qui avait présenté le 20h sur la chaîne TF1, qui est une chaîne privée. Mais, en tout cas, en tant que femme noire, je suis la première à avoir présenté le 20h, en effet.

Quelle est la différence entre la présentation de JT et la présentation de C pas si loin ?
Alors, la présentation de JT, on est dans l’urgence, on est dans le speed, on est dans l’instantanéité, parce que tout peut changer en une fraction de seconde, tout peut changer jusqu’en dernière seconde, ce qui est arrivé un nombre incalculable de fois lorsque je présentais le JT. Alors que C pas si loin, on est vraiment dans le décryptage de l’actualité.
On prend donc le temps d’entendre et d’intégrer l’actualité, de la comprendre bien comme il faut, et ensuite, on la décrypte. On n’est pas en direct, c’est une émission qui est enregistrée, et on n’est pas dans l’urgence de l’actualité. Cela n’a rien à voir en termes de rythme, rien à voir en termes de pression, ni en termes de retransmission de l’information.
Ce sont deux exercices différents, deux challenges complètement différents.
Et pouvez-vous nous parler de C pas si loin ?
C pas si loin, c’est une émission dont on a vraiment, vraiment besoin en ce moment, parce que c’est une émission qui démontre par les faits à quel point il y a des choses qui nous rassemblent sur la planète, à quel point que l’on vive dans le Pacifique, dans l’océan Indien, dans l’océan Atlantique ou en Europe, ou en Asie, qu’importe, on vit des réalités qui sont extrêmement similaires, qu’il s’agisse d’environnement, de climat, qu’il s’agisse de questions sociétales, de questions de santé publique, on l’a vu avec le Covid, on le voit avec l’urgence climatique et le réchauffement climatique.C pas si loin, c’est l’opportunité de démontrer à chaque reportage que ce que l’on vit Outre-mer, parce que, initialement, c’est une émission pour mettre en lumière les réalités d’outre-mer, mais c’est une émission qui crée des passerelles entre, par exemple, la Martinique et la Bretagne en France, entre l’île de La Réunion et l’Inde, entre l’Europe et la Polynésie, ce qu’on a fait la dernière fois.
C’est une émission qui met en lumière nos réalités communes, quel que soit l’endroit où on vit sur la planète.
Fallait-il une ultramarine pour présenter l’émission ?
Non, ce n’était pas une obligation, et je reste persuadé, justement, compte tenu de ce que je viens de vous exposer, que n’importe qui peut démontrer que nous vivons des choses communes sur la planète.
En l’occurrence, moi, c’est arrivé à un moment de ma vie où j’avais vraiment envie d’autre chose, j’avais besoin d’autre chose, et j’en avais parlé à ma direction. C’est vrai que cette émission, elle m’est proposée le plus naturellement du monde à ce moment-là, parce que j’avais, justement, envie et besoin de faire autre chose. Cela tombait à point nommé pour tout le monde, en fait.

Et l’émission marche-t-elle bien ?
Alors, j’avoue que depuis que je présente, que ce soit les JT ou le magazine, je ne regarde pas les audiences. C’est une attitude que j’ai prise depuis une dizaine d’années.
Je laisse ce travail aux équipes de direction et, en l’occurrence, aux équipes de production, parce que c’est leur mission. Et moi, je me consacre sur les échanges que j’ai avec les téléspectateurs, parce que nous avons énormément de retours, et ils sont très positifs. Ils sont extrêmement positifs sur le fond de l’émission, sur la forme aussi, mais surtout sur la qualité.
On a des retours qui nous viennent du monde entier. Pas plus tard qu’hier, j’avais un retour qui nous venait des Comores où nous sommes diffusés sur TV5MONDE. J’ai des retours de la part de Suisse, de tout le monde, qui nous expliquent à quel point cette émission nous apprend des choses tous les jours, à quel point elle est qualitative.
Et rien que pour ça, j’ai envie de vous répondre un grand oui. Un grand oui, elle marche, cette émission, parce que c’est un petit bébé qui a 2 mois et demi d’existence. On a commencé le 13 janvier, et je trouve que pour un petit bébé de 2 mois et demi, on s’en sort vraiment très très bien.
Et cette notion de qualité, elle est mise en exergue à chacune de mes apparitions, à chacun de mes échanges avec le public et avec les téléspectateurs, à chacune de mes interviews, la question m’est posée, et à chaque fois, c’est ce qu’on arrive à mettre en avant à travers les messages qu’ils nous font envoyer à France Télévisions et au sein de la production Eden. Oui, elle marche, et ce n’est que le début.
Savez-vous s’il y a des Belges qui regardent l’émission ?
Alors c’est une excellente question, j’allais justement vous poser la question à vous, parce que j’ai eu des retours de pas mal de monde sur la planète, mais pas encore de Belges, et j’espère bien que cette émission est aussi regardée en Belgique.
Il y a TV5 Monde, il y a l’appli France Télévisions, et il y a vraiment nécessité de la regarder, cette émission, parce qu’on vit une situation géopolitique qui est très complexe, qui est très tendue, et c’est le moment, plus que jamais, de nous rappeler que nous, êtres humains, on a plein plein plein de choses qui nous rassemblent. J’espère que cette émission est suivie en Belgique aussi.
Pour terminer, que peut-on vous souhaiter ?
Que cette émission dure, que cette émission dure et qu’elle soit vue par le plus grand nombre, non pas parce que je la présente, mais parce qu’elle est utile.
Elle est utile, les Outre-mer et le reste du monde avaient besoin de cette passerelle. Ça existe maintenant, il faut que cette émission dure le plus longtemps possible et qu’elle serve au plus grand nombre.
Propos recueillis par Stéphanie
Photos : © Nathalie Guyon – France Télévisions