Théo Christine, le lauréat du Nymphe d’Or 2022, interprète Bertrand dans le premier long métrage d’Antoine Besse »Ollie ». Film émouvant, rempli d’espoir, qui nous fait passer des larmes aux sourires.

C’est la première fois que vous venez à Namur ?
Oui, première fois, toute première fois.
Que pensez-vous de notre ville ?
En fait, je suis arrivé vraiment il y a une heure, donc je n’ai pas eu le temps de beaucoup me balader encore. Déjà, je trouve ça très joli et je trouve que les gens sont très accueillants et très souriants.
Vous vous dédiez au départ à être surfeur?
Oui.
Ça a mal tourné, de ce que j’ai lu.
Ça n’a pas mal tourné, mais… Ça n’a pas abouti. Ça ne devait pas aboutir, je pense, et j’avais envie de connaître autre chose au bout d’un moment.
Et qu’est-ce qui vous a motivé pour devenir acteur ?
Les films.
Les films ?
Franchement, ce sont les films. Je me souviens, j’allais au cinéma, je me prenais souvent pour le personnage principal en sortant du cinéma. Et je me suis surtout dit que ça avait l’air d’être un métier pas du tout banal, où on ne faisait pas du tout la même chose à chaque fois. Et c’est un truc qui m’attirait beaucoup. Je suis monté à Paris pour les cours Florent.
Je vois aussi que c’est votre sœur qui vous a inscrit aux cours Florent.
Oui. Elle m’en a parlé, elle m’a dit là, il y a un petit stage de théâtre, puisque j’étais un petit peu perdu, je pensais arriver à Paris, qu’il y avait un espèce de bâtiment de cinéma où je pourrais déposer mon dossier. Mais on m’a dit que ça ne se passait pas comme ça, donc j’étais un peu largué. Et ma sœur m’a parlé des cours Florent, qui faisaient un stage la semaine d’après.
C’est quand même une belle preuve de confiance, quand on a une sœur comme ça qui soutient. Votre famille a continué à vous soutenir dans votre carrière ?
Ma famille m’a toujours soutenu.
Que ce soit dans le surf, le basket, tout ce que j’ai entrepris, j’ai toujours été soutenu. J’ai cette chance là.
Y a-t-il un acteur ou une actrice en particulier qui vous a marqué depuis vos débuts ?
Il y en a plein. Après, ma référence restera toujours Denzel Washington, je pense.
Pour son jeu, pour ses choix de films, pour la manière dont il a mené sa carrière.
Mais bon, il y en a plein.
En avril 2022, vous recevez la nymphe d’or du meilleur espoir international au festival de télévision de Monte Carlo. Quels sont vos ressentis à ce moment-là ?
Je ne connaissais pas trop le festival, pour être honnête, à ce moment-là. Mais j’ai été très flatté et très heureux de recevoir ce prix et de découvrir Monaco, parce que je n’y avais jamais été de ma vie. C’était un très bon moment et je remercie le festival de m’avoir sacré.
En plus, j’étais le premier, je crois. C’était la première année où il y avait cette distinction. Donc ça reste un souvenir très agréable.
Espérez-vous un Bayard ?
Hein ? Bayard. Qu’est-ce que c’est ?
C’est le prix remis lors du Festival du film international.
Ah, d’accord. Je ne sais pas du tout, je ne suis pas trop au courant.
Je pense qu’on est en compétition premier film, donc ce n’est peut-être pas pour nous. Je ne sais pas comment ça va trop aller, si ça va être un Bayard ou un petit Bayard (rires).
Maintenant, on va parler un peu du film. C’est le premier long métrage d’Antoine Besse ?
Oui.
Comment s’est passé le tournage ?
C’était très puissant comme tournage, parce qu’avec Antoine, on souhaitait construire une espèce de personnage marginal, un peu flottant, un peu fantôme. Donc ça a été un long travail de trois mois avant.
On a vraiment essayé de bosser la démarche, la manière de s’exprimer, comment il pouvait interagir avec les autres. Et le tournage était merveilleux, puisqu’on avait une équipe qui donnait tout pour le film, avec pas mal d’amis à lui, notamment les techniciens. Donc ça crée toujours une espèce de belle fratrie sur un projet.
On est allé tourner à Périgueux, qui est une région que je ne connaissais pas du tout, qui est une ville que je ne connaissais pas du tout. C’était très agréable et c’était très formateur dans un sens pour moi, parce que c’est un endroit où il y a pas mal de marginaux, des gens qui vivent avec leurs chiens dans les camions. Donc ça me permettait aussi de passer du temps avec ces gens-là, des très bons moments, et de
pouvoir leur piquer un petit peu des choses pour construire mon personnage.
Mais c’était… (silence) Vous savez.
Antoine est mon ami avant qu’on travaille ensemble, donc le fait de vivre cette expérience avec lui pour son premier projet, parce qu’en plus j’ai énormément d’admiration pour son travail, j’étais fier, j’étais honoré, j’étais plus que motivé.
Le surf et le skate, c’est une question d’équilibre. Ça vous a aidé pour le film ?
Je faisais déjà un peu de skate avant, donc oui, ça m’a aidé pour des scènes, que j’étais déjà à l’aise. Après, j’ai dû me faire doubler quand même pour certaines figures qui étaient un peu trop techniques pour mon niveau. Mais oui, de toute façon, le sport de glisse, depuis que je suis petit, je suis dedans, donc c’est moins compliqué. C’est pas comme si j’étais jamais monté sur une planche avant.
Le film s’appelle Ollie. Je sais que c’est une figure. Vous savez m’expliquer un peu cette figure ?
Le Ollie, c’est un saut simple qui fait paf, paf. C’est la figure de base en skate, une des premières qu’on apprend quand on est petit, quand on a envie de se mettre au skate. C’est souvent la première figure où tu décolles du sol, où tu as l’impression un peu de progresser.
Voilà, comme ça, les cinéphiles, en savent un peu plus sur le skate. C’est important, parce que moi, je ne savais pas ce que c’était un Ollie. Je suis aller voir sur Internet.
Mais quand vous avez vu le film, vous avez compris ?
Et avant la programmation d’Ollie au FIFF, pour cette saison, vous connaissiez le FIFF ?
Les Bayard, non, puisqu’on vient d’en parler. Non, je ne connaissais pas mais je suis très content de le découvrir et de venir.
Non, c’est vrai que je ne connaissais pas, mais dès que j’en ai parlé, on m’en a dit vraiment que du bien. J’avais hâte de venir.
Lors d’une interview pendant le tournage de « Vermine » vous avez dit que les araignées étaient imprévisibles comme les enfants. Maintenant que vous avez joué avec un enfant, un jeune ado, vous confirmez ?
Oui. Je dis ça après avoir joué avec un enfant déjà dans le tournage de Vivre, Mourir, Renaitre il y a un an. C’est pareil, c’est des choses qu’on ne peut pas contrôler, que ce soit des animaux ou des enfants. Je ne suis pas là à dire que les animaux sont comme les enfants. Il y a ce truc d’imprévu où tu vas être obligé de t’inspirer de ce qui se passe sur le moment et de réagir en fonction de ça. Mais c’est très agréable. Moi, j’aime beaucoup.
Ça s’est bien passé avec Christen ?
Christen, ce n’est plus un enfant, c’est un adolescent. Sur un plateau de cinéma, ils savent ce qu’ils font.
Alors, la question que tout le monde pose, où vous voyez-vous dans 10 ans ?
Je ne sais pas.
Vous ne savez pas ?
On verra.
Si l’on vous propose d’être le président d’honneur du FIFF. Vous revenez ?
Je ne sais pas. On va voir comment ça se passe.
Propos recueillis par Iris
Photos : Médias tout Azimut