Corinne Touzet : « On n’aurait pas pu avoir ce succès si on ne s’entendait pas »

Corinne Touzet a accepté de nous parler de la pièce « Duplex » pour laquelle, elle vient de terminer les représentations en compagnie de Anny Duperey, Pascal Légitimus et Francis Perrin. Pour ceux qui ont manqué cette pièce et qui voudraient la voir, sachez que de nouvelles dates sont prévues à partir du 12 septembre au théâtre de Paris.

Pouvez-vous nous parler de Duplex qui évoque des histoires de couples?

C’est en fait, Anny Duperey qui a eu une phrase merveilleuse pour parler du
spectacle, c’est qu’elle dit que le doigt de la chance s’est posé sur nous, et qu’il ne faut pas la contrarier. Pourquoi elle dit ça ? Parce qu’en fait, nous avons enregistré cette pièce pour la télévision en décembre de l’année dernière. Nous avions signé un contrat de trois dates, trois dates qui ont été filmées, donc on ne l’avait jamais jouée en public.

Le directeur du Théâtre de Paris est venu assister à une répétition et nous a dit, moi je vous veux au Théâtre de Paris. Le Théâtre de Paris fait 1200 places, donc on a écarquillé les yeux.

Nous lui avons dit que nous voulions jouer dans un théâtre plus petit qui s’appelle la Michodière.

Et il nous a dit d’accord. Et puis, on s’est rendu compte que le décor ne rentrait pas sur le plateau à la Michodière car il était trop grand. Nous nous sommes donc retrouvés au Théâtre de Paris. Et pourquoi je vous raconte ça ? C’est parce qu’en fait, nous avions tous accepté de faire 40 représentations exceptionnelles car nous avions tous déjà des engagements par ailleurs. Et en fait, quand on est arrivé, sans promotion, sans affiche, sans vidéo, sans photo, sans rien, parce que ce n’était pas prévu, on avait déjà vendu 10000 places. Donc depuis, on est sur un succès phénoménal, car tous les quatre, je pense, nous sommes des vedettes de la télévision et du théâtre, mais plus de la télévision que les gens aiment beaucoup. Et donc on, n’est plus sur un succès, là maintenant, on est sur un triomphe. Parce que le théâtre vend entre 800 et 1 000 places par jour.
Et donc, on devait s’arrêter au bout de 40 représentations et à cause du succès, on ne peut pas s’arrêter parce que c’est plein. On a continué jusqu’à fin juin. Et le directeur nous a dit, je ne peux pas vous
laisser en partir, ce n’est pas possible. Les gens réclament, on refuse trop de monde. Est-ce que vous acceptez de revenir en septembre ? Du coup, nous reviendrons à la rentrée avec énormément de plaisir. Parce que déjà le théâtre de Paris, c’est un des plus beaux de Paris, il est magnifique mais quand il est plein, c’est un pur bonheur.

Alors, pour en revenir à la pièce, c’est une histoire satirique, vraiment, qui se passe dans un immeuble avec deux appartements qui sont censés être l’un au-dessus de l’autre.

Pour la mise en scène, nous sommes l’un à côté de l’autre, mais on ne se regarde pas et on ne se parle pas. Et en fait, mon mari et moi, on est un peu les Thénardiers de l’histoire, on est les vilains. On veut récupérer l’appartement du dessous pour faire un duplex, d’où le titre.

On va tout faire pour que Anny Duperey et Francis Perrin s’en aillent et se quittent. Et se quittent pour qu’ils mettent leur appartement en vente. Alors je ne peux pas en dire plus, mais c’est ça la base de départ.

Et ça va partir en live, comme on dit en anglais. Ça va exploser un peu de partout. Et il y a évidemment des choses très drôles et des choses très acides.

Et comment fonctionne votre quatuor ?

Comment voulez-vous qu’il fonctionne ? C’est une question patate, ça. C’est une question patate.(elle éclate de rire).

Parce que quand on est heureux, quand le public est heureux et qu’il est là et qu’il nous dit merci tous les jours, on ne peut pas ne pas le prendre comme un énorme compliment d’abord et puis aussi beaucoup
d’énergie. C’est une énergie sublime qu’on ressent et qu’on partage avec le public tous les jours.

Ce qui fait qu’entre nous, c’est pareil. On n’aurait pas pu avoir ce succès si on ne s’entendait pas. Ça, c’est quelque chose dont je suis intimement persuadée.

C’est pareil à la télévision. On est des fois avec des équipes où on ne peut pas plaire à tout le monde et on ne peut pas s’entendre avec tout le monde. Et des fois, je trouve que dans certains films, ça se voit, ça se ressent à l’image.

Et bien sur scène, c’est pareil. Mais là, ce qui est merveilleux, c’est que nous n’avions jamais travaillé ensemble. Bien sûr, on se connaissait, mais pas intimement. On se connaissait tous un petit peu de loin. Et ça aussi, c’est un peu magique. Ce qui se passe, c’est que là où c’est plus dur, c’est peut-être pour moi parce que je suis très rieuse et que Francis Perrin adore faire rire ses partenaires. Je suis fragile à ce niveau-là, je le sais. Et je crois qu’il en profite maintenant un petit peu.

C’est devenu mon challenge quotidien, c’est-à-dire que j’essaie tous les jours, je dis aujourd’hui, je ne rirai pas. Et le challenge de Francis, c’est de dire aujourd’hui, je la ferai rire encore. Il me change le texte et il me fait des petites blagues.

Des fois, il me parle, les gens n’entendent pas ce qu’il me dit, mais il me parle. Donc, c’est devenu un petit peu un gag. En fait, entre nous, ça se passe vraiment comme si on était un peu des grands enfants. Voilà ce qui se passe.

N’avez-vous pas envie de tourner une fois avec Anny Duperey comme vous vous ressemblez toutes les deux ?

Oui, je l’ai dit plusieurs fois. J’ai longtemps dit que je pourrais être sa soeur ou sa fille ou elle pourrait être ma tante. On pourrait être de la même famille. On est grande toutes les deux, avec les yeux clairs.

Parce que maintenant que je la connais, et elle aussi, c’est une vraie rencontre. C’est-à-dire que, franchement, toutes les deux, on a beaucoup de points communs.

On adore rigoler. On est deux clowns toutes les deux, elle est d’accord avec moi. Elle en parle souvent. Et puis, on se rencontre sur plein de sujets. On a beaucoup parlé.

On a beaucoup échangé. C’est une femme incroyable. Elle est incroyable. Elle a une force. Elle a un tempérament exceptionnel. Et elle est belle comme tout.

N’êtes-vous pas en train d’écrire vos mémoires ?

j’aimerais bien être en train d’écrire mes mémoires mais j’ai du mal. J’ai beaucoup de mal pour l’instant. En fait, j’aimerais le faire en passant par quelqu’un qui recueillerait mes propos.

Pour l’instant, on va dire que je freine un petit peu parce que je voulais l’écrire moi. Je ne sais pas si je vais y arriver parce que ça
prend énormément de temps. Pour l’instant, ce que je suis en train de faire, c’est de tout mettre de côté.

C’est-à-dire, dès que j’ai un souvenir qui me revient ou une anecdote ou quelque chose, je suis en train de les mettre, ces petites anecdotes, dans un petit carnet que j’ai avec moi tout le temps. Pour l’instant,
j’en suis là. Mais ça fait un moment déjà que je me dis que si ça se trouve, je vais peut-être procéder autrement. Pour l’instant, c’est d’enregistrer sur un dictaphone et de raconter comme ça, ça va plus vite, ça prend moins de temps à écrire et ensuite, de passer les cassettes à quelqu’un en qui j’ai toute confiance et que la personne le tape pour m’envoyer. Parce que j’ai ma façon de parler, je suis quelqu’un de très volubile, je suis très méditerranéenne.

Mais c’est vrai que je mets pour l’instant toutes mes petits souvenirs de côté.

Allez-vous à nouveau produire des téléfilms ?

Alors non, je ne pense pas, parce que j’ai arrêté il y a plus de dix ans maintenant et que personne ne m’attend. Il y a déjà plein, plein, plein de producteurs qui ont du mal à trouver des créneaux. Je ne vais pas revenir au bout de dix ans, je pense que ce n’est pas la peine. Par contre, c’est vrai que j’ai des idées.

Je reçois encore beaucoup de scénarios. Les gens savent que je suis quelqu’un de parole et
dans ce métier, c’est rare. Donc du coup, les gens me sollicitent régulièrement, toutes les semaines, on me demande quand je recommence.

Pour l’instant, je n’ai pas retrouvé l’envie parce que je trouve que ça a beaucoup changé. Le milieu a beaucoup changé, que c’est devenu très différent. Moi, j’ai commencé quand même il y a plus de 35 ans.

Je ne veux pas faire les ancêtres, mais je ne suis pas sûre d’avoir encore envie autant qu’avant, d’attendre des semaines, des réponses, d’attendre deux ans pour faire un film. Je ne sais pas si j’ai encore envie.

Quelle est votre relation avec votre public ?

Mon public, je pense que c’est notre public. Les gens nous ont tellement aimés. Ils nous le disent tous les jours en sortant. C’est trop mignon. Ça commence toujours par merci. On a 1150 personnes en gros par jour. C’est beaucoup. Quand on sort, il y a une moitié de la salle qui est déjà partie mais il y a beaucoup de gens qui nous attendent. Après, on fait des photos, des dédicaces et tout ça. Ça commence toujours par merci.

Après, ça fait du bien. Ce spectacle fait du bien. On a envie d’oublier nos soucis.

Pour conclure, aurions-nous l’occasion de vous revoir en Belgique?

Alors, oui, oui, bien sûr. Si Dieu veut, si on arrive à rejoindre nos agendas, à tous les quatre,
on part en tournée dans un an et normalement, on passe par la Belgique. Je le souhaite de tout mon cœur parce que je devais venir il y a deux ans et puis finalement, le directeur du théâtre a changé d’avis. Il a décidé de ne pas prendre mon spectacle. Cela m’a peiné, mais bon, c’est comme ça. Et ils sont très
sollicités, donc je ne peux pas leur en vouloir. Je ne suis pas venue depuis longtemps et ça me manque parce que pour moi, les deux meilleurs publics d’Europe, c’est vraiment la Belgique et la Suisse.

C’est les deux plus gentils, les deux plus conviviaux et les salles sont toujours pleines quand je vais en Belgique. Donc, j’aimerais vraiment beaucoup que la tournée nous y emmène. Mais je suis quasi sûre qu’on y sera.

Propos recueillis par Stéphanie

Photos : copyright Christophe Lartige