MACHIAVEL, aux Fêtes de la Musique, à Dinant ce 29 juin 2024

Kevin Cools, le nouveau chanteur du groupe Machiavel est quelqu’un que je n’oublierai pas facilement. A l’instar de Lio, pour The Voice Belgique en 2012, quand elle l’entraîne dans son équipe, je suis subjuguée. J’ai devant moi un jeune homme plein d’entrain, d’énergie et avec une joie de vivre indescriptible. Il vient apporter beaucoup de fraicheur à ce super groupe belge où il a vraiment trouvé sa véritable place, ce n’est pas sans raison. Le public dinantais ne nous dira pas le contraire.

Kevin, quand Mario Guccio a dit de vous que vous étiez son fils spirituel. Que ressentez-vous ?

Ce que je ressens à ce moment-là ? On parle de quelque chose qui a eu lieu il y a pas mal d’années et puis, il y a beaucoup d’eau qui a coulé sous les ponts quand Mario disait ça, ça me faisait toujours un petit effet.

C’est même rigolo d’analyser ça avec le recul, aujourd’hui, ça n’a jamais été aussi vrai avec le premier album enregistré avec son bang, c’est quand même un peu particulier ce qu’on a fait ensemble, reprendre comme ça le flambeau.

Tout d’abord j’ai eu de la chance de passer du temps avec lui.

C’est à ce moment-là qu’on se dit que la vie c’est quand même quelque chose d’un peu magique qui nous dépasse, j’ai l’impression que les choses avaient été écrites à l’avance, c’est très personnel, on parle de destin, c’est une réflexion très personnelle mais c’est l’effet que ça me fait.

Quand Roland De Greef vous appelle pour vous proposer d’intégrer le groupe, quelle est votre réaction ?

Déjà vous êtes bien informée parce qu’effectivement c’est Roland qui m’a appelé, ça aurait pu être Marc mais c’est Roland qui m’a appelé, et en fait j’étais ravi.

En fait quand Mario est décédé, j’étais très touché, je m’étais dit que ça me ferait plaisir de faire un concert hommage à Mario et de pouvoir venir chanter une chanson, je n’en espérais pas plus, et ça n’a pas eu lieu, ça ne s’est pas passé comme ça.

Et puis quand Roland m’a appelé et qu’il m’a demandé, j’ai quand même bien sauté de joie, j’ai refait le film de toutes les rencontres avec Mario, des conversations que j’ai eues avec lui, je m’entendais bien avec lui, il se passait quelque chose. J’ai quand même passé pas mal de temps avec Mario, il était toujours de bon conseil, lui, il avait roulé sa bosse dans le milieu et il était très généreux.

Si j’étais chaud de reprendre le flambeau, j’étais partant tout-de-suite. Ça m’a stimulé immédiatement.

J’étais clairement ravi.

Plusieurs générations vous séparent des autres membres du groupe, comment s’est passée votre intégration au sein du groupe ?

Tout-de-suite, je dirai que je n’ai pas trop ressenti la différence d’âge, parce que, en fait, globalement on a beaucoup de points communs en goûts musicaux. On se rassemble là-dessus. J’adore la musique des années 50 jusqu’aux années 70 c’est un peu mes 20 ans préférés musicalement.

Mais quand même, mon grand-père m’a élevé avec le rock and roll de Little Richard, Jerry Lee Lewis, Jack Berry…

Et puis, en grandissant, je me suis intéressé à des choses un peu moins à l’ancienne mais toujours très rock and roll avec Zeppelin, Jimmy Hendrix, ce genre de trucs là.

Il y a déjà ça qui nous rassemble, l’amour de la musique. Quand on est musicien, on joue comme un enfant.

Evidemment avec le temps qui passe, il y a des petites choses qui se font sentir sur les différences d’âge, les manières de voir les choses différemment, etc. Je suis assez fougueux et assez feu finalement, et puis eux avec le recul et l’expérience, ils sont plus posés, ça s’équilibre.

Mon énergie apporte de l’importance à cette renaissance du groupe, c’est très très bien comme ça et très très bien pour moi, ça fait énormément de bien. C’est très bien d’avoir cette énergie un peu plus calme.

Dans 10 à 15 ans, où vous voyez-vous ?

Je ne réfléchis pas à ça, personnellement je suis quelqu’un qui vit au jour le jour. J’ai un peu du mal à me projeter dans le temps surtout pour des choses aussi concrètes comme ça.

On est surtout concentré sur les objectifs, c’est-à-dire l’année 2025, on prépare un nouvel album et une grande fête pour les 50 ans du groupe. Ça va être génial. Il va encore avoir de belles choses qui se préparent. On se concentre sur ce qui vient.

Entre nous, votre lune de miel avec Lio, l’avez-vous eue ?

Vous avez vraiment regardé l’émission.

Je ne savais pas trop où je mettais les pieds quand j’ai commencé l’émission The Voice Belgique. J’avoue que je ne savais même pas que je devais choisir quelqu’un. Les sièges se sont retournés, il fallait que je choisisse, c’était la première en Belgique mais j’aurai pu regarder sur Internet pour voir comment ça se passait ailleurs, je ne l’ai pas fait.

J’ai découvert sur le moment qu’il fallait que je choisisse, et comme un con, j’ai demandé : il faut que je choisisse maintenant, ils ont d’ailleurs coupé au montage.

J’ai choisi Lio, c’était la plus connue, celle que j’avais vue à la TV.

Les autres, je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas dit à l’avance, il y a ça et ça comme coaches, je n’ai pas dit je ne sais pas, j’ai choisi à l’instinct.

On s’est bien marré avec Lio, c’était très drôle, oui, on a bu le champagne.

Au tour des autres membres du groupe, 50 ans après la formation de votre groupe, vous êtes toujours là malgré tous les aléas de la vie. Qu’est-ce que ça vous fait : Fiers ?

Roland : Ah, fier, oui certainement, ça n’a pas été facile, tout le temps, il y a un côté indestructible à ce groupe Machiavel qui est là depuis effectivement plus de 50 ans.

Quand on s’appelle Machiavel en 75, c’était déjà les mêmes qui jouaient.

La longévité apporte un sentiment de fierté.

Pour les 40 ans de Machiavel, fêtés en 2016, vous nous avez régalé de concerts avec l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie. Nous sommes à Dinant, le royaume du saxophone, avez-vous préparé un petit truc spécial du même style pour le public dinantais ?

Roland : On n’y a pas pensé. Mario Guccio jouait un peu de saxophone, c’est vrai qu’on aurait pu y penser. Si quelqu’un veut faire un petit djems, moi je n’ai pas de souci, on peut organiser ça, dans la région, des gars qui jouent du sax, il doit y en avoir.

Marc : Mais ce que vous ne savez pas, nous avons joué il y a un mois, à l’Abbaye de Villers-la-Ville, avec l’Orchestre Symphonique de Kiev, 50 musiciens, 40 choristes et ça a été terrible.

Quelles relations avez-vous à cette époque avec votre public ?

Maintenant, il y a 3 générations qui nous suivent. Des gens qui ont la soixantaine, des gens qui ont 20 ans, oui il y en a moins. Le public de fans n’est pas des teenagers, il doit y en avoir 1 sur 1.000. C’est une minorité.

Mais il y a des gens qui sont encore là, c’est très amusant. Dans notre public, il y en a beaucoup qui sont là depuis le début, il y en a depuis 25-30ans, des gars depuis les premiers jets, mais il y en a de moins en moins.

Vous connaissiez déjà Dinant ? Y reviendriez-vous en touristes ?

Marc : je suis ultra fan de la Ville Dinant, ça fait 40 ans que j’y viens à peu près un dimanche sur deux, en moto, c’est le rendez-vous des motards.

Et pour vous Marc, la radio ne vous maque pas trop ?

Non, je vais vous étonner, j’y ai travaillé pendant 41 ans, je ne regrette rien mais ça ne manque pas du tout.

Quels sont vos projets ?

Roland : Préparer un nouvel album éventuellement.

On prépare les 50 ans de Machiavel. On va essayer de faire ça bien. On a commencé à enregistrer des choses.

Pour la fête des 50 ans, il n’y a encore rien d’officiel, rien d’encore fixé. On n’a pas encore de dates, ce sera sur notre site.

Pourquoi avoir baptisé votre groupe Machiavel ?

Roland : Parce que la fin justifie les moyens.

Marc : En fait, On s’appelait Moby Dick, c’était le nom du groupe que Roland avait formé en 72 que j’ai rejoint à la suite d’une petite annonce : groupe cherche batteur sérieux. Il y avait un numéro de téléphone, je sonne et je tombe sur Roland de Greef.

Roland : Au moment où on a voulu officialiser les choses, Moby Dick c’est sympa, mais quand même la baleine. J’avais pris ce nom là en hommage à Led Zeppelin.

Marc : Moi, je lisais le Prince de Machiavel et comme il fonctionnait un peu comme Genesis, c’était en dehors de l’air du temps, j’ai proposé ça et depuis je touche des droits 😉.

Mais voilà, je ne sais pas si aujourd’hui, on s’appellerait encore comme ça.

Roland : quand Marc a proposé le nom, la fin justifie les moyens. Ça représentait bien la société dans laquelle on vit.

On dit souvent pour les personnes que leur prénom influence leur caractère. Charles Benoist, journaliste et homme politique français début du 20e siècle, a dit en parlant de Nicolas Machiavel, ce grand philosophe florentin, qu’il existait à son sujet au moins 4 types de machiavélisme : celui de Machiavel lui-même, celui de ses disciples, celui de ses adversaires et celui de ceux qui ne l’ont pas lu.

En parallèle avec votre groupe, pourrait-on dire de votre groupe plus ou moins la même chose : vous avez votre propre Machiavélisme, celui de vos fans, celui de vos détracteurs et celui de ceux qui ne vous connaissent pas ?

Roland : Moi, c’est le Machiavel de base.

Marc : Il a écrit des livres, ce sont des lettres qu’il envoie à un jeune prince où il lui donne des conseils atroces pour gérer un royaume, c’est atroce.

Faire appel à un « petit » jeune pour venir vous rejoindre et remplacer Marc qui remplaçait Mario a été difficile ?

Marc : J’avais dit, non, moi, j’aime bien chanter mais je ne suis pas un showman, oui, pour un morceau ou deux, ce n’est pas le truc que je préfère. Et quand on a dit qu’est-ce qu’on fait, alors j’ai dit on reprend un chanteur. J’aime bien être derrière pour faire les cœurs, ce qui me va bien, c’est un morceau de temps en temps.

Roland : Déjà au début du groupe, on tournait avec Marc qui chantait et qui jouait de la batterie et on lui avait proposé de passer au chant en avant-scène et qu’on prenne un autre batteur.

Marc : Mais j’étais timide, et comme je me trouvais trop gros, je préférais la batterie pour me cacher derrière et 50 ans plus tard, c’est toujours pareil, je suis toujours aussi gros et toujours aussi timide.

Christophe : c’est pour ça que tu as une grosse batterie.

Roland : En tout cas, on est enchanté (en parlant de Kevin).

Interview de David Rivir, Tour manager de Machiavel

Vous êtes au sein de votre ville, ce n’est pas trop compliqué de devoir organiser un concert quand c’est chez soi ?

J’ai la chance de ne pas organiser la totalité de la fête, je suis là pour le groupe, moi je travaille avec Machiavel depuis 5 ans mais quand le Centre culturel et Creative Factory sont venus me trouver pour me demander ce que tu penses de Machiavel pour les fêtes de la musique chez moi.

J’ai l’habitude de faire des concerts dans le monde entier, entre 30 et 40 pays sur mon été. Et là, j’avais l’opportunité de faire un concert de mes amis chez moi.

Ici, le 1er point technique est que Machiavel n’est pas fait que pour 200 à 300 personnes, mais bien plus. Le kiosque est fait pour accueillir un public de 200 à 300 personnes dans les gradins. On est venu avec l’idée de retourner la scène, d’enlever les barrières. L’architecte du kiosque y avait déjà pensé.

C’est la première fois qu’un concert a lieu dans cette configuration-là.

C’est moins agréable pour le groupe car du coup le public est plus loin, il y a moins de possibilité mais ça donne une vue fabuleuse sur la ville, sur le public et puis on est dans un lieu vraiment unique.

Il y a une semaine j’étais en concert avec un groupe anglais au Colysée à Rome, qui est un lieu phénoménal mais pour moi, c’est tout aussi important même plus important d’être ici sur ce kiosque. Ce sont deux lieux de configurations différentes, c’est une conception, ce lieu a une âme.

Encore une fois, Machiavel nous a émerveillé avec leurs reprises et leurs nouveaux titres si bien que le public dinantais dès que la pluie a commencé à tomber est resté pour les écouter.

Le petit nouveau a même pris un bain de foule.

Des surprises nous attendent l’année prochaine pour leurs 50 ans de règne mais personne n’a pas voulu m’en dire plus, le secret est bien gardé.

Rendez-vous donc l’année prochaine …

Propos recueillis par Iris

Photos : Médias tout azimut