Noémie de Lattre : « Il y a une espèce de censure en France et j’aimerais trouver une solution pour contourner cette censure. »

Rencontre avec l’artiste Noémie de Lattre qui vient de présenter son spectacle « L’Harmonie des genres » en Belgique

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Une femme, artiste, très sympa !

Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant de devenir humoriste ?

Ben déjà, je ne dirais pas forcément que je suis humoriste. Je dirais plutôt que je suis artiste.

Je fais un peu de tout, j’écris, je joue, tout un tas de trucs. Mais je ne dirais pas humoriste. J’ai toujours fait ça.

Je crois que pour mon premier rôle au cours de théâtre, j’avais 11 ans.

Après  » Féministe pour Hommes », vous revenez avec « L’Harmonie des genres ». D’où vous est venue cette inspiration ?

« Féministe pour Hommes », ça a très bien marché. Cela abordait de manière générale les problématiques des femmes, du féminisme, du sexisme, etc. Et des choses un peu, politiques et assez générales.

Ensuite, il y a eu Me-too. Tout le monde a commencé à prendre conscience un peu de ce qui se passait, d’avoir envie d’évoluer. Mais ensuite, concrètement, dans les faits, dans nos rapports hommes-femmes, notamment dans le couple, dans l’amour, dans la sexualité, c’était toujours super compliqué.

Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de faire un spectacle moins théorique et plus précis, plus concret, sur, ok, comment on fait à l’ère post Me-too pour être féministe et hétéro, ou pour être en tout cas une femme épanouie et hétéro.

Votre spectacle, « L’Harmonie des genres », à qui s’adresse-t-il ? Aux hommes ou aux femmes ?

Tout à fait aux deux.

Pourquoi au début de votre spectacle, dites-vous, attention, le patriarcat, ce n’est pas la faute des hommes ?

Car, je pense que ce n’est pas les hommes en général. Il y a plein d’hommes qui subissent le patriarcat.

Déjà, tous les hommes trans, tous les hommes gays, les hommes qui ne sont pas blancs, les hommes qui ne correspondent pas physiquement aux normes dominantes, les hommes qui sont pauvres, les hommes qui sont racisés, qui sont stigmatisés, les hommes qui sont des alliés féministes.

Il y a plein d’hommes qui subissent le patriarcat. Alors certes, ils le subissent moins que les femmes, mais en tout cas, ils n’en sont pas responsables.

Après, leur responsabilité, c’est de l’entretenir ou de lutter contre. Mais ce n’est pas eux qui l’ont fabriqué, qui l’ont mis en place.

Pourquoi utiliser l’humour pour parler de féminisme ?

Parce que déjà, même avec l’humour, il y a encore des gens qui disent « Ah, ils font chier ces féministes ! » Je me dis que si en plus, je ne suis pas drôle et que je ne leur tape pas sur le doigt, ils n’arriveraient jamais à leur parler.

Vous êtes venue en Belgique pour présenter votre spectacle. Qu’avez-vous pensé du public belge ?

J’adore. J’ai joué souvent en Belgique.

Mon précédent spectacle, je crois que je l’ai joué quatre fois. Et à chaque fois, c’était super. On a à la fois des problématiques similaires en France et en Belgique, parce que c’est si proche et en même temps, ce ne sont pas les mêmes mentalités exactement.

Je trouve que c’est toujours un public très chaleureux, même parfois dans des salles où on m’a dit « Vous avez de la chance, mais normalement, ils ne sont jamais aussi sympas. » J’ai toujours eu une très bonne expérience du public belge.

Pour terminer, que pouvons-nous vous souhaiter pour 2025 ?

Il y a une espèce de censure en France, je ne crois pas que ce soit le cas en Belgique, mais pour les spectacles engagés, notamment les spectacles féministes. Il y a plein de villes qui refusent de prendre mon spectacle pour des histoires politiques et tout, donc c’est vraiment très embêtant.

Je sais que ce sont des endroits où il y a plein de gens, plein de publics qui adoreraient voir mon spectacle, et moi j’adorerais jouer là-bas. Donc, pour 2025, j’aimerais trouver une solution pour contourner cette censure.

Noémie est au théâtre de la Gaite Montparnasse (Paris) jusqu’au 27 juin 2025 et en tournée : Nantes le 17 Janvier, Rennes le 18 Janvier, Tours le 6 mars, Alfortville 8 mars, Suisse le 19 mars et Arcachon 4 avril !

Propos recueillis par Stéphanie

Photos : Charly Reux